What doesn't kills you makes you stronger. Feat. Nuage du Vice.

En cette nuit où la Lune scintillait avec force au milieu de ce terrain de noirceur, parsemé de ces petites lumières que les mortels appellent étoiles, lui marchait. Sous le regard bienveillant de l’astre argenté, il marchait au hasard dans cette nature aux tons sauvages. Ici, la Terre avait repris ses droits et avaient envahi l’endroit avec sa mousse, ses arbres et ses longues feuilles. Cette empreinte humaine était toujours présente, mais soumise à la nature, soumise aux animaux environnants. Elle empiétait sur l’espace que les Bipèdes avaient cru posséder pendant un temps. Ils s’étaient peut-être attribués la Terre comme étant leur propriété exclusive, mais une chose était indéniable parmi les êtres qui cohabitaient avec elle : elle reprenait toujours ses droits.

S’abandonnant à ses idées philosophiques sous la Lune mélancolique, c’est à peine si Valse Temporelle faisait attention à l’environnement, laissant ses opales d’un bleu éclatant balayer les lieux sans aller en profondeur dans les détails. Son pelage écaille était strié de rayons argentés, et sa queue fouettait l’air en rythme avec ses pas. Il était contemplé par les environs, épié même, mais il ne le savait pas, ou alors il faisait mine de ne pas le savoir. Il continuait à marcher d’un pas hasardeux, la tête baissée, les yeux rivés vers le sol, et c’est ainsi qu’il buta bêtement dans cet arbre au tronc feuillu. Poussant un petit cri, mêlé de douleur et de confusion, il s’assit et passa une patte précautionneuse sur le haut de son crâne. Une fois rassuré de n’avoir aucune blessure grave, il remit son poil en place d’un coup de langue rapide, et leva son regard vers le ciel d’ébène. Poussant un léger soupir, il se releva et examina légèrement les alentours. Une chose était au moins sûre : il allait dormir ici ce soir, étant bien trop loin de son camp, et étant bien trop las pour reprendre la route vers son camp. Et puis de toute façon, ce n’était pas comme si quelqu’un allait s’inquiéter pour lui, n’est-ce pas ? Se dirigeant vers l’entrée béante du Manoir, c’est non sans crainte qu’il y fit face. Dans ses jeunes lunes, il avait souvent entendu parler de ce Manoir, source de beaucoup d’histoires de chez les anciens, et parmi certains de leurs dires, il était hanté, ce qui expliquait le fait qu’il soit à l’abandon. Un léger frisson parcourut l’échine de Time, et celui-ci émit un petit rire incertain, pour se rassurer : de toute façon, tout ceci n’était que des suppositions, n’est-ce pas ? Il n’allait pas être effrayé par une vieille histoire pour chatons, tout de même ! Après une grande inspiration, il pénétra dans le Manoir et se retrouva dans une espèce de large entrée. Un grand escalier était établi à l’entrée, et plusieurs ombres résidaient sur les murs un peu plus en haut. Un peu intrigué par les ombres, c’est prudemment que Time s’engagea dans les marches. Une fois arrivé à l’étage, il distingua un peu plus clairement les ombres et recula sous la surprise et la frayeur. C’était des visages de Bipèdes ! Leurs yeux étaient noirs comme le charbon et pour certains le côté de leurs visages semblaient avoir été détériorés par le temps. Les Bipèdes sont fous, ils s’accrochent même sur les murs ! A force de reculer, il trébucha sur la marche derrière lui, et c’est ainsi qu’il finit par refaire tout l’escalier en sens inverse et avec beaucoup de douleur à l’arrivée. Il avait mal partout, et c’est tant bien que mal qu’il se redressa. Se reniflant un peu partout, c’est avec inquiétude qu’il s’aperçut qu’une vilaine entaille s’était rouverte. Merde…Fais chier. Se relevant en grommelant de douleur, il serra les dents en apercevant quelques gouttes vermeilles chuter sur le sol d’un blanc pur strié de terre. Faisant quelques pas vers l’entrée, jugeant ce manoir trop dangereux pour sa propre personne et par la même occasion avec son mental, il ne sentit pas l’odeur du nouvel arrivant, et il buta contre quelque chose de chaud. Wait…De chaud ?! Relevant les yeux vers l’obstacle posé sur son chemin, c’est avec un peu de surprise qu’il vit deux pupilles blanchâtres dans son champ de vision. Reniflant légèrement l’air, l’odeur du Clan du Vent le frappa en plein fouet. Valse Temporelle se redressa et fit face au nouvel arrivant, l’examinant rapidement. De petite taille, le ventre blanc, les oreilles couturées de cicatrices, son corps de même…Un apprenti guerrier ? Depuis quand ont-ils des apprentis guerriers aveugles dans le Clan du Vent ? Intrigué par ce petit être, le jeune matou l’examina plus attentivement : comment un aussi jeune chat pouvait avoir autant de cicatrices qu’un vétéran ? Même lui n’en avait pas autant ! Encore surpris par la subite apparition du chat de couleur sombre, c’est sur un ton bredouille qu’il prononça ces mots :

« Euh…Désolé. De t’avoir bousculé tout ça, quoi. Pas fait exprès, j’étais assez pressé, m’tu vois ? Non, tu ne vois pas bien sûr, putain mais quel con je fais. Bon bref, j’suis désolé d’accord ?! »

Embarrassé, il détourna légèrement la tête sur le côté, sentant son visage rougir de honte, et grommela dans ses moustaches :

« Sinon, salut, je m’en vais. Bonne soirée. »