L'amour est plus fort de l'amitié. - ft. Perlouu.

Etoile d'Antan était assit dans la Lande, il faisait sombre, et le soleil était loin de montrer le bout de ses rayons. Il faisait encore nuit noir, et le meneur n'avait pas réussit à fermer l'oeil de la soirée. Il l'avait donc passé ici, dans ce grand et vaste lieu qui le détendait depuis des lunes et des lunes. Il avait toujours aimé être dans la Lande pour réfléchir ou même pour se changer les idées. Le matou au pelage ébène se demandait bien pourquoi est-ce qu'il était si agité. Il n'y avait à priori pas de danger à venir. La mauvaise saison était passée, et elle avait laissé place à la saison des feuilles nouvelles, qui faisait toujours plaisir à la réserve de gibier. Les temps allaient être mieux, moins de tensions inutiles entre les clans et plus de gaieté entre les membres. Durant l'Hiver, les guerriers étaient presque tous de mauvais poil et pestaient en permanence le malheur qui leur tombait dessus.

La fatigue embruma les yeux émeraudes d'Etoile d'Antan. Ils se fermèrent, mais il les rouvrit sur le champ. Si il avait envie de dormir, autant rentrer au camp du Vent. Le meneur se leva, fouettant l'air encore frais de sa longue queue, puis quitta la Lande pour retrouver son nid de mousse. Lorsqu'il pénétra dans le camp, un silence mortel y régnait. Etoile d'Antan renifla fortement, n'aimant pas cette ambiance étrange, puis escalada le Promontoire pour rejoindre son antre. Le félin noir s'arrêta devant l'entrée de sa tanière, et se sentit soudainement seul. Il tourna sa tête vers l'antre des guerriers et des apprentis, et les imagina, collés les uns contre les autres, vivant réellement en communauté. Lorsqu'il avait accepté d'être lieutenant, il savait bien que la solitude allait le rattraper lorsqu'il allait passer chef, mais il ne l'imaginait pas ainsi. Etoile d'Antan n'était pas heureux. Il fallait qu'il enfin quelqu'un pour fonder une famille, unie et aimée. Il se détourna de son camp pour pénétrer dans sa tanière sombre, où il s'y coucha et s'endormit pour une fin de nuit sans rêves.

« Étoile d'Antan ? »

Le matou noir dressa sa tête, ses yeux encore voilés par la fatigue. Il avait l'impression de s'être recouché il y a seulement dix minutes ... Mais non, les rayons du soleil traversaient déjà l'entrée de fougères de sa tanière, où quelqu'un s'y tenait. Cette voix lui était familière, très familière même. Elle appartenait à Hymne du Faucon, sa lieutenante. Dans la voix de la féline, il y avait quelque chose d'inhabituel, de bizarre. Etoile d'Antan avait entendu de la tristesse dans ses courtes paroles. Que lui était-il arrivé ?

« Hymne du Faucon ? Tu peux entrer. »

Le meneur du Clan du Vent se redressa en vitesse avant que sa lieutenante pénètre dans son coin privé. Il fit une rapide toilette en enlevant les morceaux de mousse collées dans son pelage ébène.

Etoile d'Antan se demandait bien ce que sa camarade avait bien à lui dire, puis, lorsqu'elle entra dans sa tanière, la tête basse, il comprit, et pensa qu'il était entrain de rêver. Hymne du Faucon, dans un état totalement pitoyable, faisant de la peine à son aînée, tenait fermement dans ses crocs le cadavre de Petit Ivoire, neveu. Le petit chaton avait les yeux figés, grands ouverts, fixant quelque chose d'inexistant avec horreur. Le matou au pelage noir fut prit d'une vision sanglante. Il voyait le défunt Venteux marcher dans la Lande et se faire attaquer par un renard. Le chaton tenait en vain de s'enfuir mais le canidé au pelage de flamme lui bondit dessus et lui griffa le visage, d'où cette énorme entaille partant de son oreille à son museau. Ensuite, le renard donna le coup fatal, croquant les côtes de Petit Ivoire. Etoile d'Antan revint soudainement à la réalité, et observa le corps inerte du chaton, tordu comme s'il n'avait aucun os. Il était mort d'une manière totalement horrible, ignoble, inimaginable. Le meneur ne souhaitait qu'aucun autre de ses camarades se fasse attaquer de la sorte, ce n'était plus possible. La saison froide était passée, et il n'y avait eu aucun mort, ce n'était pas pour en avoir durant la saison des feuilles nouvelles.

« Je t'en pris, protège mes nièces. Elles ont besoin de toi. »

Le miaulement d'Hymne du Faucon ressemblait à une plainte d'une reine venant de faire une fausse couche. La lieutenante causait énormément de peine à son aîné, qui la regardait, ne sachant quoi faire. La féline s'écroula au sol, des larmes coulant le long de ses joues, tombant sur le corps inerte de Petit Ivoire, faisant des flaques de sang sur le sol en pierre. La tristesse d'Hymne du Faucon se transmit alors en Etoile d'Antan, qui la laissa seule, à pleurer. Il descendit l'éboulis qui amenait à sa tanière et désigna trois guerriers pour chasser le renard du territoire du Clan du Vent. Une fois la patrouille partie, le regard voilé de tristesse, le meneur remonta le Promontoire pour rejoindre sa camarade, toujours dans la même position qu'il y a quelques minutes.

« Une patrouille est partie pour faire fuir le renard, mais je ne peux rien faire pour Petit Ivoire, malheureusement. Je l'ai déjà de nombreuses fois dit, qu'il fallait surveiller en permanence, et ce chaton s'est enfuit. Cesse donc te le pleurer, il faut aller le laver, il ne mérite pas d'être enterré le pelage souillé de sang et de larmes. »

Etoile d'Antan avait répondit d'un ton assez froid, pour montrer que ses ordres ne doivent pas être pris à la rigolade. Il avait déjà dit aux reines de surveiller leurs chatons des ennemis comme les rapaces, les blaireaux ou les renards. Il espérait que cette agression allait faire tilte dans la tête des mères.